Hommage à Jean OURY

Hommage à Jean OURY qui nous a quitté le 15 Mai 2014 (1924 - 2014)

C’était aux « Etats généraux de la psychiatrie », en 2003.

(Jean OURY) « Alors pour terminer sur une note d’humour justement, je ne résiste pas au plaisir de vous citer une parabole : « La symphonie de Schubert ».

Un président de société reçoit en cadeau un billet d’entrée à un concert de la symphonie inachevée de Schubert. Ne pouvant s’y rendre, il donne l’invitation au responsable de l’étude des méthodes industrielles de la société. Le lendemain, le président se voit remettre le rapport suivant :

1- Les quatre joueurs de hautbois demeurent inactifs pendant des périodes considérables. Il convient donc de réduire leur nombre et de répartir leur travail sur l’ensemble de la symphonie, de manière à diminuer les pointes d’inactivité.

2- Les douze violons jouent tous des notes identiques. Cette duplication excessive semblant inutile, il serait bon de réduire de manière drastique l’effectif de cette section de l’orchestre. Si l’on doit produire un son de volume élevé, il serait possible de l’obtenir par biais d’un amplificateur électronique.

3- L’orchestre consacre un effort considérable à la production de triples croches. Il semble que cela constitue un raffinement excessif, et il est recommandé d’arrondir toutes les notes à la double croche la plus proche. En procédant de la sorte, il devrait être possible d’utiliser des stagiaires et des opérateurs peu qualifiés.

4- La répétition par les cors du passage déjà exécuté par les cordes ne présent aucune nécessité. Si tous les passages redondants de ce type étaient éliminés, il serait possible de réduire la durée du concert de deux heures à vingt minutes.

Nous pouvons conclure, monsieur le Président, que, si Schubert avait prêté attention à ces remarques, il aurait été en mesure d’achever sa symphonie. ».

Sans commentaire !...

« Pour ne pas s’endormir, il y a une petite gymnastique à pratiquer tous les matins, comme le pianiste fait ses gammes.

Cette gymnastique, c’est de dissocier le statut, le rôle et la fonction.

Prenons l’exemple du cuisinier dans un hôpital. Son statut, c’est d’être cuisinier. Sa fonction, c’est de faire la cuisine. Mais quel est son rôle ? C’est celui que le malade va lui donner. C’est parfois inattendu. Il arrive qu’un pensionnaire raconte sa vie au cuisinier, alors qu’il ne dit rien à son médecin. C’est donc très important de ne pas enfermer le cuisinier dans son statut de cuisinier et de ne pas fermer la porte de la cuisine aux malades.

Je pourrais prendre mon propre cas. Mon statut est d’être directeur, mais il ne faut pas se prendre pour son statut. Je dis souvent : un directeur qui se prend pour un directeur, c’est le plus fou de la bande ! » (Jean OURY)

Il faut résister nous indiquait Jean OURY et aujourd’hui nous devons « augmenter le courant » ajoutait-il.

L’INSTITUT REPERES résiste depuis bientôt 20 ans, en effet le catalogue 2015 que vous lisez est la vingtième édition. Depuis 20 ans nous martelons que la Psychanalyse, la Psychothérapie Institutionnelle, la Pédagogie Institutionnelle, l’Art dans tout ses états sont essentiels pour « fabriquer de l’humain » dans nos établissements.

« Il faut sans cesse s’opposer à la bureaucratie qui veut tout homogénéiser, qui veut classer les malades par catégories - les gâteux avec les gâteux, les agités avec les agités, les schizophrènes avec les schizophrènes… et qui refuse de voir que le soin se joue dans la vie quotidienne. Pourtant faire du théâtre, soigner des animaux, organiser des sorties, cela fait partie du traitement dans un hôpital psychiatrique. Il faut sans cesse lutter contre l’écrasement hiérarchique qui étouffe toute une richesse et combattre le préjugé d’irresponsabilité des malades » Jean OURY et « c’est la logique des camps qui revient » ajoutait-il….

Nous venons d’annuler notre colloque 2015 : « l’homme dévalué » faute d’intervenants assez nombreux pour l’organiser, de ce fait nous proposons une formation / débats sur ce thème. Nous verrons en 2016.

Jean OURY, tu nous manques déjà terriblement pour continuer à combattre cette vaste entreprise de déshumanisation qui se cache sous des signifiants comme : hygiène, sécurité, normes, évaluation, économies, règlementation, adaptation, inclusion, programme, crise, etc. tout cela au détriment de l’accueil de ce joyau précieux qu’est chaque vie singulière…

« Le soin c’est l’ACCUEIL » tambourine Jean OURY… Avec toi Jean OURY, un « Humain » digne de ce nom est parti, pour moi tu fus une formidable bonne rencontre. Espérons que le flambeau que tu nous as transmis, nous pourrons le porter dignement, avec sérieux et qu’à notre tour nous le transmettrons à quelques autres afin de tenir à distance la « bête immonde » qui rode et qui s’approche….

Pendant ces 20 ans de notre existence : Merci aux formateurs qui par leur sérieux ont soutenu la grande qualité de nos prestations : formations, colloques, analyse des pratiques, analyse institutionnelle etc. Merci à tous nos clients (stagiaires, directions, établissements, etc.) et partenaires qui nous ont fait confiance et ont contribué très largement à notre notoriété. Merci à notre secrétaire : Mme Sabine COSNIER, pour sa disponibilité, son écoute et sa patience… Merci à tout ceux qui nous ont fait confiance pendant ces 20 ans passés et poursuivons ensemble le chemin pour continuer à « fabriquer de l’humain » selon la formule de Joseph ROUZEL, continuons à combattre « Procuste » ou les « arpenteurs » comme aimait les appeler Jean OURY…

Gabriel GODARD

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