LES DEBOIRES D'UNE MECS EN LUTTE

Bonjour,

vous trouverez ci dessous la lettre ouverte des salariés de l'APAECH, adressée à Monsieur GILLET, Président  du conseil déparemental du Maine et Loire, à l'initiative des appels à projet restructurant l'ensemble de la protection de l'enfance du département.

Monsieur GILLET,

 Les salariés de l'Association de Protection des Adolescents et des Enfants de CHolet ont des choses à vous dire:

 Grâce à votre projet "novateur" de refonte complète du dispositif, force est de constater que la triste loi du marché s'applique aux enfants confiés au Département du Maine et Loire ainsi qu'à ses salariés, avec mépris et absence complète de considération.

 Aujourd‘hui, il est temps de faire le constat de la Protection de l’Enfance du Maine et Loire, il est temps de prendre acte de ce que vous avez mis en place par les appels à projets, mais surtout, d’en mesurer les conséquences !

En d’autres termes, il est grand temps de se mettre à PENSER !

 Pour vous y aider, voici quelques exemples des effets dévastateurs qui sont à l'œuvre:

 Concernant les enfants, les orientations n'ont pas été préparées vers les nouvelles associations !

 Pensez-vous qu’il soit simple pour un enfant de se projeter dans un lieu seulement 2 jours avant d’y être accueilli ?

 Pensez-vous qu’il soit rassurant pour un enfant de se séparer des adultes qui font référence pour lui depuis plusieurs mois voire plusieurs années ?

 Pensez-vous qu’il soit sécurisant pour un enfant d’investir un nouveau lien lorsque les effets de la séparation n’ont pas eu le temps d’être parlés ?

 Pensez-vous qu’il soit normal qu’un adolescent qui bénéficiait d’un espace privé nécessaire à son intimité doive aujourd’hui partager une chambre de moins de 9 m2 avec un autre jeune ?

 Pensez-vous qu’il soit normal pour un enfant installé dans son foyer, de subir 3 déménagements consécutifs en seulement quelques mois ?

 Pensez-vous que le travail autour de l’autonomie, du respect et de l’intimité auprès des enfants et des adolescents s’acquiert dans l’insécurité et les bouleversements ?

 Pensez-vous que c’est ainsi qu’un enfant trouve des repères pour se construire ?

 Pensez-vous qu’il soit normal, alors que l’APAECH réunissait toutes les conditions adaptées aux projets des enfants, d’orienter ces derniers vers des associations qui ne sont pas encore prêtes pour les accueillir ?

 Pensez-vous qu’il soit normal, que des enfants âgés de 8-9 ans soient maintenus dans leur lieu de vie devenu aujourd’hui un foyer d’adolescents ? Et oui, le dispositif  « Accueils singuliers » comme d’autres, ne sont pas opérationnels !

 Monsieur Gillet, malgré vos propos, dans « ce transfert », tous les enfants n’ont pas eu leur place !

Des rapports d'audience ont été rédigés pour "précipiter" la sortie de jeunes majeurs du dispositif !

De même, des retours de jeunes en famille ont été actés, alors que les conditions n’étaient pas encore réunies pour cela !

 Monsieur Gillet, nous n’avons pas encore parlé des familles…

Pensez-vous qu’il soit acceptable que 2 jours avant le départ de son enfant, une mère ignore le lieu où celui-ci va être accueilli ?

 Pensez-vous qu’il soit respectable que vous n’ayez pas donné les moyens nécessaires à vos services pour rencontrer et accompagner les familles, mission première de l'Aide Sociale à l'Enfance ?

 Pensez-vous que c’est ainsi que l’on rencontre, respecte et travaille avec les familles ?

 A l’Apaech, nous avons rencontré et informé les familles, parce que nous sommes convaincus qu’on ne peut pas accompagner un enfant dans sa construction sans y inclure sa famille, sans un travail étroit avec elle !

Et oui, vous n'étiez pas là, vos services non plus.

 Une page de l'histoire de ces enfants est annihilée par la fermeture de notre association. Tous leurs « premiers pas » ne sont pas écrits dans un rapport. Vers qui vont-ils aller, lorsque devenus adultes, ils voudront se souvenir de « ces moments de vie » qui les ont construits ?

 Aviez-vous pensé à ces principes fondamentaux lorsque vous avez lancé les appels à projets ?

 Concernant les salariés, ce sont 61 licenciés à l'Apaech.

 M. Gillet, lors de la première conférence pour l’emploi, vous aviez garanti que la situation de chaque professionnel serait traitée individuellement.

 Aujourd'hui, vous préférez blâmer les salariés par voie de presse et les rendre fautifs de l'interruption de leur contrat de travail, voire même les accuser de vouloir tirer profit de la situation. Selon vous, nous ne voulons pas travailler car les postes dans les associations repreneuses ne sont pas tous pourvus. Vous semblez croire que nous avons fait ce choix de notre plein gré ?

 Prenez-vous la mesure des répercussions des critères imposés par le cahier des charges des appels à projet?

 Pour vous y aider, voici un rappel:

 Pensez-vous qu'un éducateur peut faire consciencieusement son travail lorsqu'il a la responsabilité, seul, de 10 enfants? Pensez-vous dans ces circonstances-là, qu'il peut accompagner un enfant à un rendez-vous médical?

 Pensez-vous qu'un éducateur, dans ces conditions, peut accorder du temps de qualité à chacun des enfants qu'il accompagne?

 Pensez-vous qu'on peut accepter, sans mots dire, qu'on nous empêche de faire notre travail d'éducateur tout simplement ?

 Pensez-vous que nous sommes prêts à céder sur notre éthique professionnelle?

 Grâce à vous chers politiciens, des professionnels qualifiés, expérimentés ne s’imaginent pas aujourd'hui continuer à exercer dans la Protection de l’Enfance au vue des orientations que vous avez lancées.

 Nous n'acceptons pas de cautionner la casse sociale que vous pratiquez! Et oui, l'éthique n'est pas juste un mot, elle s'incarne!

 M.Gillet, nous n'avons pas encore évoqué les "oubliés" qui n'ont aucune perspective d'emploi: les professionnels ayant postulé auprès des nouveaux opérateurs mais n'ayant aucune réponse, tous les corps de métiers sans aucun poste à pourvoir.

 Vous avez plus détruit que construit ! Pensez-vous que notre travail est sans valeur ?

 Au sein de l'Apaech, nous étions des professionnels motivés, enclin à innover, à mettre en place de nouveaux dispositifs et même à réduire les coûts! Nous étions sur le terrain, connaissions notre métier. Il fallait juste nous écouter et travailler avec nous.

 Nous avons dignement et scrupuleusement nettoyé et mis nos locaux à disposition des nouveaux opérateurs. Pensez-vous que cela a été simple ? Notre conscience professionnelle, notre éthique et nos valeurs ont remporté sur notre colère car les enfants n’ont pas, encore une fois, à pâtir de vos choix désastreux ! Où étiez-vous M. Gillet ?

 Aussi, si nous avons défendu nos valeurs pendant plus d’une année, c’est que nous considérons que l’enfant accueilli au titre de la Protection de l’Enfance est une personne à part entière.

 Pour l’accompagner au mieux, ainsi que sa famille, il faut du temps, de la réflexion, de l’analyse, de l’anticipation, de l’organisation, et surtout donner du sens au travail éducatif.

 Pensez-vous que votre logique de rentabilité 1lit=1place va permettre ce travail ?

 Tout ceci s’est déroulé entre mi-juin et début août 2018 pour 60 enfants et environ 90 professionnels de l’APAECH. Il s’est écoulé plus d’une année entre l’annonce de la fermeture de l’association choletaise et le départ des enfants.

Nous aurions pu prendre le temps de PENSER mais avec l'implication tardive de vos services, nous avons seulement taché de limiter la casse déjà engagée.

Un chantier de cette envergure, ça ne se décrète pas ! Il se prépare, il se pense, il se construit à plusieurs !

 Par vos agissements et la non-concertation des professionnels, vous avez maltraité des enfants et des adolescents!

 N'oubliez pas que les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain, garant de notre société future et de potentiels électeurs.

 Et s’il s’agissait de vos enfants ? Y avez-vous seulement pensé ?

 Le collectif des salariés de l'APAECH




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